« Du Jihad d’Al-Qaïda à l’intifada des banlieues, en passant par la case criminalité » Par Alexandre del Valle

PARIGI, 18 Ott – Alors que des réseaux “islamo-délinquants” ont été démantelés à Strasbourg et à Cannes, quelle est la progression du Jihad salafiste en Europe ? Quels sont les liens unissant l’islamo-terrorisme à la criminalité mondiale ?

Lorsque les révolutions arabes ont commencé, les faiseurs d’opinion expliquaient qu’une ère de paix, de démocratisation et de sécurité s’ouvrait. C’en était terminé du terrorisme à la Al-Qaïda, désavoué par les islamistes « modérés » préférant instaurer la Charià par la démocratie plutôt que par la violence.

Pourtant, la mort de Ben Laden et les interventions militaires en Afghanistan et au Pakistan ont affaibli le « QG » d’Al-Qaïda mais pas la multitude de groupes salafistes qui ont vu dans le renversement des dictatures nationalistes (anti-islamistes) d’Egypte, de Tunisie, de Libye, du Yémen (puis hier d’Irak et demain de Syrie) une chance historique. Depuis, moult repris de justice et terroristes libérés de prison ont rejoint le Jihad salafiste mondial et ont alimenté en armes Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), Boko Haram au Nigeria, Ansar Dine au Nord Mali, sans oublier les banlieues de non-droit européennes abandonnées au double joug des islamistes et des bandes criminelles.

Qu’ils soient africains, orientaux ou européens, tous les mouvements jihadistes-salafistes prônent une même haine pathologique envers l’Occident et leurs propres nations. Car leur allégeance ne va qu’au drapeau noir de « l’Internationale islamiste », symbole du Califat planétaire destiné à régner partout grâce au Jihad et à la Charià. Ces mouvements, opposés à l’idée même d’une nation arabe ou palestinienne, importent le conflit israélo-palestinien et utilisent la cause palestinienne dans le seul but de légitimer une judéophobie obsessionnelle qui n’a d’égale que celles du nazisme.

Dans les banlieues, comme au Sahel ou en Egypte, les salafistes surfent sur la globalisation, la disparition des frontières et le web. Et tous ces groupes sont liés au crime international (pirateries, trafics de drogue et de cigarettes, prises d’otages, contrebandes, etc), l’islamisme apportant une « bénédiction » religieuse aux réseaux criminels, tribaux ou urbains, avec qui les butins sont partagés. Il n’est donc pas étonnant que « l’islamo-terrorisme » s’installe en milieu tribal (Afghanistan-Pakistan, Yémen, Sahel-Sahara, etc), là où l’Etat est inexistant, ou dans les banlieues à la dérive où la police n’entre plus.

En Afrique de l’Ouest et sahélienne, AQMI est le meilleur exemple de cette alliance entre salafisme, tribalisme et criminalité : elle fut crée à partir du GSPC algérien grâce à une alliance entre un idéologue salafiste, Abdelhamid Abou Zeïd, un caïd surnommé « Emir Marlboro », Abdelkader Mokhtar Belmokhtar, superviseur des trafics de cigarettes, de drogue, d’émigrés clandestins et chargé de ravitailler AQMI en armes, et des chefs tribaux touaregs liés aux contrebandes et au trafic de cocaïne en provenance des mafias latino-américaines et à destination de l’Europe…

De la même manière, des mouvements maliens et sahéliens comme Ansar Dine ou le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest), incarnent ce mélange « islamo-tribalo-criminel », le chef d’Ansar Dine, Iyad Ag Ghali, étant lui-même un ancien chef touareg. Les islamistes Shabab somaliens ou Al-Qaïda pour la Corne de l’Afrique supervisent quant à eux les trafics et la piraterie, tandis que l’Afghanistan des Talibans, qui hébergèrent Ben Laden avant l’intervention anglo-américaine de 2001, est le centre du « Croissant d’or », premier producteur mondial d’opium (l’opium nourrissant 2 millions d’Afghans et générant 3 milliards de dollars/an (35 % du PIB afghan).

Ce qui se passe dans nos banlieues abandonnées aux islamistes et aux caïds par un Etat incapable d’intégrer et d’empêcher les prédicateurs de fanatiser des « jeunes », ne diffère donc pas fondamentalement de ce que l’on observe au Yémen, au Mali, au Nord-Nigéria, en Somalie, ou dans la zone « Af-Pak ». Car partout l’on retrouve l’alliage de la barbarie « à la Mad-Max », du radicalisme salafiste anti-occidental, de la criminalité transnationale et des réseaux web mettant en scène « l’héroïsme » jihadiste et des égorgements rituels de juifs assimilés à des animaux.

Ce phénomène d’auto-radicalisation médiatisé depuis l’affaire Mohammed Merah, ce délinquant passé par le Pakistan avant d’assassiner des enfants juifs à Toulouse, n’est pas nouveau. Il a juste pris de l’ampleur, comme l’a montré l’affaire du jihadiste antillais converti, Jérémy Louis-Sidney, tué par la police samedi dernier à Strasbourg alors qu’il s’apprêtait à commettre des attentats faisant suite à l’attaque d’une épicerie casher à Sarcelles en septembre. Radicalisé en prison en 2008, Louis-Sidney a suivi le parcours-type des « islamo-délinquants » des années 1990, tel le « Gang de Roubaix », composé de convertis célèbres passés par le Jihad de Bosnie, comme Lionel Dumont; ou encore le réseau de Khaled Kelkal, ce délinquant lui aussi fanatisé en prison et élu par le GIA algérien (ancêtre d’AQMI) pour perpétrer les attentats du RER Saint Michel et de l’Etoile en 1995. Outre-Manche, on se souvient de Richard Reid, ce délinquant anglo-jamaïcian converti dans sa prison de Feltham, auteur de l’attentat manqué contre le Boeing d’American Airlines en décembre 2001.

Cela signifie-t-il que l’islamisme terroriste n’a « rien à voir » avec l’islam, puisque composé de voyous ignorant tout de la religion ? D’après les experts du terrorisme, sur des centaines de volontaires du «jihad radical armé» recensés dans chaque grand pays européen à forte immigration islamique (France, Allemagne, Grande Bretagne, Italie, Belgique, Hollande, Etats-Unis, Canada), 50 % sont des «islamo-délinquants», mais l’autre moitié est composée d’idéologues et de militants souvent très diplômés et bien insérés socialement. Le plus grand spécialiste d’Al-Qaïda, Marc Sageman, expliqué quant à lui dans ses ouvrages que nombre de terroristes ont un passé sans tâche et sont des diplômés ou issus de la bourgeoisie. Loin d’être réductible à une simple « secte hérétique » manipulant des « pauvres », le salafisme cher à Al-Qaïda vient du courant hanbalite (et de sa version saoudienne wahhabite), qui est l’une des 4 branches de l’islam sunnite orthodoxe.

Il a pignon sur rue dans le Golfe ou en Egypte et n’a jamais été condamné par les 3 autres écoles sunnites officielles. Il doit son succès planétaire aux madrasas saoudo-pakistanaises, à internet et aux TV satellitaires. Et si tant de jeunes marginaux convertis ou issus de l’immigration basculent dans le Jihad, ce n’est pas parce que l’Occident, l’Amérique ou Israël les « humilie », mais parce qu’on leur a inculqué que l’intégration est une « apostasie » et que les Juifs-Croisés doivent mourir…

Comme Hitler, Trotski, Lénine ou Staline, les adeptes du totalitarisme vert ont un projet de conquête mondial. Leur carburant est le ressentiment, d’où leur obsession du « complot-judéo-maçonnique et leurs références aux Protocoles des Sages de Sion. Leur savoir-faire consiste à instrumentaliser les malaises individuels et collectifs et les réseaux criminels, afin de déstabiliser l’ordre légal, d’où aussi la complicité des révolutionnaires rouges qui détestent comme eux l’ordre national « bourgeois » et l’Occident judéo-chrétien.

En Europe, la réponse passe donc par la neutralisation des prédicateurs, l’application des lois, sans « exception culturelle ou religieuse », puis le fait d’exiger des Etats islamiques « amis » qu’ils n’envoient plus leurs agitateurs dans nos démocraties. Dans les banlieues, l’islamisme jihadiste s’alimente d’un « racisme à rebours » qui inclue la haine de l’Occident, des « Gaulois », des chrétiens et des Juifs. Ce nouveau bréviaire de la haine, qui conduit à vénérer Ben Laden, doit être combattu à la source, car si il n’avait pas été longtemps toléré, sous couvert d’antisionisme tiers-mondiste, les Fofana, Merah et les Louis-Sidney ne seraient peut être pas passés à l’acte…

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